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MICHEL-ANGE ET LES FESSES DE DIEU

Une pièce de Jean-Philippe Noël

L’histoire

La chapelle Sixtine

La chapelle Sixtine doit son nom à Sixte IV, le pape qui en a ordonné la construction. Il la fait élever dans le palais pontifical entre 1477 et 1483. Les fresques des murs sont réalisées par les peintres les plus en vue de l’époque :Botticelli, Le Pérugin, Rosselli, Ghirlandaio… La voûte de la Chapelle est alors peinte en bleu et parsemée d’étoiles.

Dès le XVe siècle la plus grande chapelle du Vatican abrite le conclave, l’élection par les cardinaux d’un nouveau pape. C’est donc en son sein que le cardinal Giuliano della Rovere est élu pape par ses pairs en novembre 1503, sous le nom de règne Jules II

En 1508, Jules II commande à Michel-Ange de représenter sur la voûte de la chapelle Sixtine les 12 apôtres. L’artiste va en fait figurer neuf scènes de la Genèse. Entourant ce thème central, cinq sibylles et sept prophètes, les plus grandes figures du plafond, sont là pour annoncer la venue du Christ. Autour des lunettes et des pendentifs, Michel-Ange illustre la longue attente des ancêtres du Christ. Les personnages le plus détonants parmi les plus de 300 représentés, sont certainement les ignudis. 20 jeunes hommes nus au corps d’athlète et aux poses improbables, parfois considérés comme des anges.

Restaurées et nettoyées durant les décennies 1980-1990, les fresques ont révélé des couleurs vives jusqu’alors insoupçonnées, qui ont obligé les historiens d’art à revoir toutes leurs théories sur la peinture de Michel-Ange, alors qualifiée d’obscure.

 

Jules II

Il papa terribile est un pape guerrier, un sexagénaire autoritaire, qui s’est donné pour mission de réunifier les États pontificaux et de bouter les Français hors d’Italie.

Neveu de Sixte IV, Giuliano della Rovere accède facilement aux différents degrés de la hiérarchie ecclésiastique. En 1476, il est archevêque d’Avignon où il exerce la fonction de légat du pape. Élu souverain pontife, en 1503, il met tout en œuvre pour faire du Saint Siège une grande puissance politique et militaire. À la tête de son armée de gardes suisses qu’il vient de créer, celui que l’on surnomme Jules César II mène des campagnes militaires pour reconquérir des territoires autrefois perdus du Vatican. À Rome, il poursuit la politique de restauration de la ville entreprise par ses prédécesseurs, mais se concentre surtout sur la basilique Saint-Pierre qu’il fait entièrement rebâtir par l’architecte Bramante. En 1505, il demande à Michel-Ange de lui construire un tombeau digne de celui des empereurs romains et qu’il veut placer au cœur de la basilique, mais il « sacrifiera » son mausolée au profit de la peinture du plafond ; Jules II meurt en février 1513, quelques mois après l’inauguration de la voûte.

Jules II est l’incarnation du népotisme de la Renaissance. À la fois homme politique, soldat et grand mécène, son pontificat dispendieux est un des éléments déclencheurs de la Réforme.


Jules II peint par Raphaël (1512)

La Pietà de Michel-Ange (1498-99)

Michel-Ange

Au moment où Jules II lui commande la voûte de la Chapelle Sixtine, Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni a trente ans. Son David fait la fierté des Florentins et sa Pietà déjà installée dans la Basilique Saint-Pierre de Rome l’a consacré parmi les plus grands artistes de son temps. Profondément croyant, tout son art ne vise qu’à glorifier la Création divine. Mais l’homme est introverti, à la limite de l’asociabilité. Il refuse tous les honneurs auxquels se prête son rival de l’époque, Raphaël. Il vit pratiquement en ermite se plaignant toujours du manque d’argent. Il prétendra également se tuer à la tâche pour redorer le (soi-disant) blason de sa famille, famille qui ne cesse de le harceler afin de lui soutirer de l’argent.

C’est d’ailleurs probablement pour l’argent qu’il accepte – lui qui prétend ne rien connaitre à la peinture et être sculpteur et uniquement sculpteur – la proposition du pape Jules II. Le défi de réaliser une fresque de plus de 800 mètres carrés sur une voûte en berceau, située à plus de 20 mètres au-dessus du sol est probablement aussi l’un de ses moteurs. Quatre années sont nécessaires à la réalisation de la fresque, qu’il achève en 1512. En 1536, à l‘age de soixante ans et à la demande du pape Clément VII, Michel-Ange revient dans la chapelle Sixtine peindre Le Jugement dernier sur le mur de l’Autel.